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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 22:07
mardi 06 avril 2010

 

Marie-José Chombart de Lauwe viendra, jeudi, parler de la déportation et du négationnisme, lors du Festival de la citoyenneté. Elle témoigne de ce qu'elle a vécu au camp de Ravensbrück.

 

Entretien

Marie-José Chombart de Lauwe, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

En déportation à Ravensbrück, de quels crimes contre l'humanité avez-vous été témoin ?

 

J'en citerai trois. Le premier, ce sont ces 75 filles polonaises qui servaient d'animaux de laboratoire. Elles avaient des plaies aux jambes, où pour leurs expériences médicales, les nazis pratiquaient des cultures de staphylocoques : c'était effroyable, elles ne pouvaient plus tenir debout.

 

Et les deux autres ?

 

Le deuxième crime, c'était la stérilisation des petites filles tziganes : pour les nazis, il y avait des races inférieures qui ne devaient plus se reproduire. Le troisième, c'était le regroupement des nouveau-nés du camp dans un block où j'étais affectée. Il n'y avait aucune hygiène et des conditions de vie épouvantables. On s'est battues pour leur survie... Sur 600, seuls 40 ont survécu... Voir mourir des enfants, c'est terrible !

 

Quel sens donnez-vous à votre témoignage ?

 

Je ne veux pas m'enfermer dans le monde des anciens combattants. Il y a eu des crimes contre l'humanité avant les nazis et après : l'ex-Yougoslavie, le Rwanda... Il faut se demander quel est le noyau fondamental de tout ça. Dans le système nazi, c'était le mépris de l'être humain, avec ce discours : « toi, tu n'es pas de la même espèce humaine que moi, je peux faire ce que je veux de toi ». Après ça, quand un régime vous en donne le droit...

 

Quel est le danger du négationnisme aujourd'hui ?

 

Le négationnisme est une façon de banaliser le nazisme. Aujourd'hui, je continue de garder les yeux ouverts. Je veux savoir pourquoi et comment de tels systèmes peuvent se reproduire, ce qui donne naissance aux skinheads ou aux groupes néo-nazis. En tant que psycho-sociologue, je me suis intéressée à la sociabilisation de l'enfant et du jeune. Je pense qu'on peut tous se rejoindre sur certaines valeurs... C'est grâce à la fraternité et à la solidarité que nous avons survécu dans les camps.

 

Recueilli par

 

 

Loïc CAILLEBOT

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