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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 19:51

RAPPEL : Présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation, Marie-José Chombart de Lauwe est venue, hier, à la rencontre de collégiens Les initiales font

froid dans le dos : N-N. Pour nacht und nebel, le sinistre nuit et brouillard dans lequel les Nazis voulaient faire disparaître jusqu'au souvenir des déportés vers les camps de la mort. Soixante-cinq ans après, les pages des livres d'histoire regorgent des drames liés à cette période, et leur lecture est bien évidemment à la fois instructive et émouvante. Mais rien ne vaut le témoignage de celui ou celle qui a vécu intensément ces années-là. C'est-à-dire qui est entré dans la résistance à un moment où ce n'était pas à la mode, et qui l'a payé très chèrement.


Marie-José Chombart de Lauwe, 86 ans aujourd'hui, le regard clair, le souvenir vif et l'élocution précise, est l'un de ces héros, doublement rescapés aujourd'hui, l'histoire biologique s'étant chargée d'anéantir ceux qui avaient
eu assez de ressources pour survivre aux horreurs de ce voyage au bout de la nuit.

Son père, lui, mourra à Buchenwald. Sa mère s'en sortira, mais pour quelques années seulement. D'autres membres de sa famille seront aussi déportés. Mais, de tout cela, Marie-José, comme tous les véritables combattants, tirera une énergie folle. Elle se mariera, aura quatre enfants (et, à présent, neuf petits-enfants et onze arrière petits-enfants), et deviendra chercheur au CNRS, spécialiste du comportement du jeune humain. L'une de ses phrases favorites est : « Surtout, pas de victimisation. Il faut lutter ». Ravensbruck, puis Mathausen en fin de captivité, sont donc pour toujours gravés dans sa mémoire. Comme ces quatre derniers vers de La fin du loup, d'Alfred de Vigny, qu'elle avait, elle, gravés sur le mur de sa prison dans ce qui est maintenant le ministère de l'Intérieur. Et qui était autrefois le siège de la Gestapo.

Présidente de la Fondation pour la mémoire et la déportation , cette Bretonne d'origine parcourt désormais la France, allant à la rencontre de collégiens, de lycéens ou d'étudiants, afin de témoigner inlassablement de l'engagement d'une jeune fille de dix-sept ans, « élevée dans une ambiance de patriotisme et de justice sociale ». Deux notions qui sont donc loin d'être antinomiques , contrairement à ce que notre époque, volontiers brouillonne, voudrait parfois nous faire croire.

Hier après-midi, Marie-José Chombart de Lauwe a répondu à des questions des collégiens d'Onet et de Rodez. Elle était accompagnée d'une autre déportée à Ravensbruck, Suzanne Marchesi, et d'un homme né - et ayant survécu par miracle - dans ce même camp (Jean-Claude Passerat).

Dans la salle des fêtes, archi-comble, on buvait littéralement les paroles de ces témoins d'un autre âge. Un autre âge ? Pas si sûr. On pense à Berthold Brecht, et au ventre qui est encore fécond. On pense à cette phrase de Marie-José Chombart de Lauwe : « Les camps, c'était le pire du mal. Mais combien d'exemples terribles dans l'Histoire ? Et dans l'histoire à venir ? »

H.M
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