Sur le territoire français, Abdelmadjid Bouadi était un des 350 000 travailleurs recrutés en Algérie par des chefs d’entreprise, essentiellement pour assurer des travaux de terrassement, ou de manœuvre dans les grands groupes automobiles. “Je suis arrivé en France en 1955. J’avais 18 ans, j’avais fait des études en arabe, je ne connaissais pas un mot de français. Je me suis retrouvé à Paris, Gennevilliers, Argenteuil et surtout à Nanterre, dans le plus grand baraquement de la région parisienne. J’étais venu pour travailler, ce n’est pas ce qui manquait. Très vite, mon quotidien s’est résumé à boulot, contrôles policiers et dodo. Quand les policiers voyaient un Algérien, c’était pour eux un fellagha, pas l’ouvrier qui avait travaillé toute la journée. Aucun loisir ne nous était permis puisqu’un couvre-feu avait été fixé à 21 heures par le préfet de police. Une fois, j’ai bien essayé d’aller voir un film en soirée, mais à coup de violences répétées, la police nous a vite réexpédiés vers notre baraquement…. Mais ça ne m’a pas véritablement manqué. Outre le travail, d’abord chez Citroën, puis dans le BTP pour du terrassement, je prenais des cours du soir pour me familiariser avec le français et m’instruire un peu. 
“Autant le travail ne manquait pas, autant les conditions d’embauche étaient strictes. Lors des visites médicales, on nous faisait passer un test physique incroyable : tendre à bout de bras durant deux minutes un sac de sable de 5 kg. Nous étions jeunes, costauds, pas revendicatifs, on ne parlait pas politique au boulot… tout ce que recherchaient les patrons, de la main-d’œuvre docile.”
Concernant le FLN, crée en 1954, Abdelmajid se montre très bref. “Ceux qui travaillaient devaient payer une cotisation au Front de libération nationale. Point final. Et ceux qui n’avaient pas de boulot étaient aidés par lui. Nourris, souvent logés et même avec un peu d’argent de poche. Est-ce qu’on peut parler de solidarité ? Je ne sais pas vraiment. C’était ainsi.”
Il participe à la manifestation du 17 octobre 1961, marchant 

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