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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 23:05

Marcel Paul fut un enfant trouvé, le 12 juillet 1900, dans le XIVe arrondissement de Paris où il avait été abandonné. Il commence à travailler à l'âge de 13 ans, comme valet de ferme dans la Sarthe, et milite, dès l'âge de 15 ans, dans les Jeunesses Socialistes contre la guerre. Mobilisé dans la marine, il participe à la révolte des équipages de Brest, puis, un an plus tard, à celle des marins qui refusent de faire fonctionner la centrale électrique de Saint-Nazaire contre les ouvriers en grève.


A sa démobilisation, il s'installe tout d'abord à Saint-Quentin, dans l'Aisne, où il travaille dans le bâtiment et entame une activité syndicale. Il déménage ensuite à Paris, où il est embauché comme électricien à la Société des transports en commun de la région parisienne. En 1923, il adhère au parti communiste.


En 1931, il devient secrétaire général de la fédération des services publics, hospitaliers, éclairage et force motrice (CGTU), poste qu'il conserve jusqu'en 1936. Il est nommé ensuite secrétaire général adjoint, puis secrétaire général (en 1937) de la fédération réunifiée de l'éclairage, fonction qu'il conserva jusqu'en 1939. En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel-Dieu de Marseille. Une infirmière qui l'accompagne, Edmée Dijoud, est tuée. Devenu proche de Maurice Thorez, il est présenté par le PCF aux élections municipales de 1935 dans le XIVe arrondissement de Paris, où il est élu, ainsi que Léon Mauvais.


En 1938, il se rend en Espagne et en Tchécoslovaquie, au nom de la CGT.


En 1939, il est mobilisé dans l'infanterie, car la marine refuse son incorporation. Après la signature du pacte germano-soviétique, il est exclu, ainsi que les autres communistes, la direction de la Fédération de l'éclairage (Clément Delsol le remplace à la tête de la fédération dite "légale"). Fait prisonnier, il s'évade deux fois. Il rejoint la Bretagne, où il organise les premiers actes de résistance, puis revient à Paris.Il est très actif dans le milieu de l'éclairage et des services publics. En août 1941, il organise l'attentat - manqué - contre Hermann Göring.


Marcel Paul est dénoncé et arrêté en novembre 1941. Détenu au commissariat, puis à l'hôpital de Saint-Denis où il tente de se suicider, il est ensuite transféré la Prison de la Santé. Jugé en février 1943 par la section spéciale il est condamné à quatre ans de prison. À l'été 1943, il est transféré, avec d'autres détenus, à la centrale de Fontevrault. Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Il est déporté le 27 avril 1944 vers Auschwitz, où un matricule lui est tatoué et le 14 mai, il est finalement transféré à Buchenwald, avec les hommes de son convoi.


Dans le camp, il devient l'un d'un chef de la Résistance clandestine, au sein du "comité des intérêts français". Il devient l'un des cinq membres du bureau et peut décider de l'affectation des détenus aux postes de travail. Il sauve ainsi de nombreux déportés français, dont Marcel Dassault. Rapatrié en priorité avec des personnalités, il reste peu de temps à Paris et repart à Buchenwald pour s'occuper du retour des autres déportés. De retour à Paris, Marcel Paul entre au Comité central du PCF, élu lors du Xe congrès de juin 1945. Il reprend ses activités syndicales et est nommé membre de l'Assemblée consultative, où il intervient le 3 août en faveur de la nationalisation du gaz et de l'électricité.


Pour apaiser les conflits déclenchés en Limousin par l'indiscipline de Georges Guingouin, le Parti présente en octobre 1945 sa candidature en Haute-Vienne à la première Assemblée nationale constituante. Il est élu avec Alphonse Lebas au quotient avec 33,95% des voix, mais sa liste arrive derrière celle de la SFIO, que conduit Adrien Tixier et qui obtient 50,53% des voix et trois sièges. Marcel Paul est nommé membre de la Commission de l'équipement national, de la production et des communications, de la Commission de l'intérieur et de la santé publique, de la Commission des prisonniers et déportés et des pensions et de la Commission permanente de coordination des affaires économiques et sociales. Le 3 août 1945, il prend part à la discussion des résolutions sur la nationalisation du gaz et de l'électricité.


Nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, dans le gouvernement de Charles De Gaulle, succédant à Robert Lacoste, il reste à ce poste dans les gouvernements de Félix Gouin et de Georges Bidault, jusqu'en décembre 1946. Le 2 décembre 1945, il vote la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit.


Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF-GDF, qui est votée le 8 avril 1946. Il fait de la nouvelle entreprise publique une forteresse syndicale en organisant le statut du personnel.( En tant que ministre de la production industrielle, il dépose, le 15 janvier, un projet de loi relatif au personnel des exploitations minières et assimilées, plusieurs projets sur les élections aux Chambres de métiers et, le 20 avril, un projet portant réglementation des conditions d'accès à la profession de coiffeur. Le 19 avril 1946, il vote pour l'adoption de la Constitution et le 24 avril pour la nationalisation des sociétés d'assurance.


Aux élections de la seconde Assemblée nationale constituante de juin 1946, Marcel Paul est à nouveau candidat du PCF en Haute-Vienne. La liste communiste arrive cette fois en tête, avec 66 815 votes sur un total de 175 214 suffrages exprimés. Marcel Paul et Alphonse Lebas sont donc réélus. La SFIO, avec 63 942 n'obtient que deux sièges, ceux de Jean Le Bail et d'André Foussat. Le dernier siège est obtenu par Robert Schmidt, tête de la liste MRP qui recueille 36 977 voix.


En novembre 1946, il est élu à l'Assemblée Nationale et nommé membre de la Commission de production industrielle. À partir de janvier 1947, Marcel Paul reprend la tête de la fédération CGT de l'éclairage, fonction qu'il occupera jusqu'en 1966.


En janvier 1947, le gouvernement socialiste de Paul Ramadier écarte les ministres communistes. En février 1947, il devient président du Conseil central des œuvres sociales (CCOS) d'EDF-GDF, où il reste jusqu'à la dissolution de l'organisation par le gouvernement de René Pleven, le 17 février 1951. Le lendemain, la police envahit les locaux du CCOS, 22 rue de Calais Paris 9e, et en chasse le personnel.


Voulant se consacrer plus totalement à sa mission syndicale, il démissionne de son mandat de député le 20 avril 1948. Il n'est pas candidat aux élections de 1951. En 1952, il fonde la FNDIRP, la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes. Il en sera président jusqu'à sa mort.


En 1964, il n'est pas réélu au Comité central du Parti communiste, à la suite de divergences concernant la reprise des œuvres sociales d'EDF-GDF qu'il avait créées. Depuis 1951, la gestion en est devenue patronale et le gouvernement met comme condition à la reprise de l'activité par les syndicats l'éviction de Marcel Paul, ce que la direction fédérale se résout à accepter en 1962.


Il est nommé officier de la Légion d'honneur en avril 1982. À l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, place de l'Étoile à Paris, il est pris d'un malaise fatal. Il meurt chez lui quelques heures plus tard.

 

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